Centre de désintoxication à Saint-Philippe : prendre soin de soi… et d’une plante

le mercredi 26 juillet 2023

Se responsabiliser, s’enraciner, grandir, reprendre contact avec la nature, cultiver des connaissances en botanique: les bénéfices sont nombreux pour les usagers du Centre de éadaptation en dépendance (CRD) du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSSMO) à Saint-Philippe qui participent au projet «Ma plante à moi!».

L’intervenante Stéphanie Blais explique que l’initiative découle d’un projet déjà instauré au CISSSMO dans les dernières années, consistant à intégrer la nature dans ses opérations. Impliquée dans celui-ci, Mme Blais a naturellement eu un intéêt pour l’idée de la plante, née au centre de désintoxication il y a un peu plus d’un an.

«Ça peut avoir l’air banal, puisque ça ne demande pas tant d’implication. Comme nous sommes très occupés, c’était l’objectif de monter un projet que les usagers pourraient prendre en charge», partage-t-elle.

Elle a rapidement observé que c’est très apprécié par les usagers qui se établissent d’une dépendance à l’alcool ou aux drogues. Ils se relaient à titre de responsable du projet et en discutent entre eux. Puis, ceux qui connaissent les plantes aident les autres.

«Ils en entendent rapidement parler à leur arrivée. Ceux qui le veulent prennent une bouture, l’amènent dans leur chambre et elle demeure dans l’eau jusqu’à leur départ, moment où elle est mise en terre», détaille l’intervenante.

Les usagers peuvent ensuite quitter avec leur plante en pot. La signification est éloquente, renchérit Mme Blais, «pendant que je suis ici, je fais mes racines. Quand je quitte, le vrai travail commence et je dois m’en occuper. C’est aussi une façon de refléter que si la plante ne va pas bien, peut-être que la personne ne va pas bien non plus».

Chaque année, environ 450 individus en sevrage nécessitant une assistance médicale constante passent par le Centre, qui a une capacité de 24 usagers. Au cours des derniers mois, 100% de ceux-ci ont reçu une bouture et 95% ont quitté avec leur plante, relate le CISSSMO.

«Les gens qui viennent ici doivent changer de vie. Quand ils vont mieux, ils ont tendance à vouloir s’occuper de quelque chose comme un animal, alors la plante est une alternative. C’est beau de les voir reprendre de telles habitudes», souligne Mme Blais.

Grandir

Une femme qui en est à la moitié de son séjour au CRD a témoigné anonymement au Reflet que sa plante est importante dans son cheminement.

«Tout de suite, je me suis dit qu’elle allait grandir avec moi ici. Ça évoque aussi que nous, on doit grandir. C’est une belle façon de nous représenter», confie-t-elle.

L’usagère raconte qu’elle allait d’abord choisir une bouture qui possédait de grandes feuilles, mais qu’elle a finalement opté pour une autre plus petite, «pour vraiment que ma plante, ce soit moi».

«On peut quitter avec, alors le cheminement continue. Ça va me rappeler les efforts que j’ai faits et les outils qu’on m’a donnés pour arriver à vivre dans la sobriété. Je vais vraiment en prendre soin», ajoute-t-elle.

«La plante est reconnue en dépendance.»  -Stéphanie Blais, intervenante au CRD

Les sommes allouées au projet ne sont pas chiffrées, notamment parce que le CRD possédait déjà un jardin et des plantes matures qui lui ont permis d’accumuler des boutures. Le Centre a également remporté un prix Stars du éseau de la santé créé par Desjardins, qui lui a valu 1 000$. Ce montant sera dédié à l’achat de nouvelles plantes, des pots, du matériel et de la terre pour aménager une station de jardinage. Le CRD prend également les dons du public.

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Stéphanie Blais, intervenante. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)