Longueuil : les pro-cerfs demandent aux élus de revenir sur leur décision

le mardi 14 novembre 2023
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local Voir les autres articles

Des citoyens opposés à l’abattage des cerfs du parc Michel-Chartrand ont manifesté devant l’hôtel et ville et se sont présentés à la séance du conseil du 14 novembre afin de tenter de convaincre la Ville de revenir sur sa décision.

Invité à prendre la parole lors de la période de question, Jean Lapierre, qui avance avoir bien connu Michel Chartrand, a affirmé que ce dernier n’aurait pas aimé que le sang des bêtes coule dans un parc portant son nom. Il demande comment les chasseurs sauront qu’ils auront abattus le bon nombre de bêtes. «Ça me fait honte comme citoyen.» 

Richard Blanchette, connu pour sa mobilisation contre l’opération d’abattage, dit être conscient de la surpopulation. «Mais il y a la loi et moralité humaine», a-t-il soutenu. Il a critiqué le travail des juges qui ne connaissent pas, selon lui, la différence entre un cerf sauvage et un cerf urbain. «Le déplacement et la stérilisation sont possibles», a-t-il assuré.

Très émotive, prenant de longues pauses, Nicole Larochelle a souligné aux élus qu’ils pouvaient encore changer d’idée. «Je suis nouvellement ésidente de Longueuil. Je vous en supplie, les cerfs sont très importants pour moi. C’est ma zoothérapie», a-t-elle affirmé, provoquant des applaudissements dans l’assemblée.   

Pour René Grignon, il n’est pas ici question de chasse, «mais d’un massacre de cerfs dans un parc urbain». Il a rappelé que la Ville avait nourri les cerfs durant vingt ans. «Les cerfs n’ont jamais été maigres», a-t-il lancé avec ironie. 

Abordant les frais d’avocats, qui se sont élevés à 375 000$ pour la Ville selon TVA Nouvelles, M. Grignon a aussi demandé combien va coûter l’abattage. «Vous avez la permission de la Cour, mais la Cour ne vous ordonne pas de les abattre. Ça va faire le tour des éseaux sociaux. Si ça dérape, vous allez en payer le prix politique, a-t-il avancé. Renoncez à cet abattage. Trop de choses peuvent mal tourner.» 

Enfin, une autre citoyenne a qualifié de «barbare» l’intention de la Ville.

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Les manifestants devant l’hôtel de ville de Longueuil. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Décision basée sur la sciencer
En éponse aux questions et inquiétudes des citoyens, la mairesse de Longueuil Catherine Fournier a rappelé que cette question était traitée depuis deux ans. «Ces options (déplacement et/ou stérilisation) ont été refusées par les autorités compétentes», a-t-elle indiqué.

La mairesse a mentionné que l’équilibre écologique du parc était menacé. «On ne fait pas ça de gaieté de cœur. On a toujours fait preuve de transparence. Le parc, ce n’est pas le zoo de Granby. On doit prendre les décisions qui s’imposent en se basant sur la science. C’est le contraire de la barbarie», de lancer la mairesse; des commentaires qui ont provoqué quelques huées dans l’assemblée.

Cour d’appelr
Le 26 octobre, la Cour d’appel du Québec a rejeté la demande de l’organisme Sauvetage Animal Rescue concernant la décision de la Cour supérieure de permettre l’abattage d’une centaine de cerfs par la Ville.

Le jour même, dans une longue vidéo mise en ligne sur la page Facebook de son organisme, le directeur, Éric Dussault, a assuré que le combat n’était pas fini mais qu’il était maintenant «dans les mains des activistes qui vont faire ce qu’ils ont à faire».

La Ville estime que la population de cerfs au parc Michel-Chartrand ne devrait pas dépasser entre dix et quinze cerfs. Lors du dernier décompte, 117 cervidés ont été recensés.  De plus, 21 accidents impliquant des cerfs et des automobilistes ont été enregistrés à Longueuil en 2022.  

Plusieurs des opposants accusent la Ville de gonfler ces chiffres.

Surpopulationr
Plusieurs égions du Québec, notamment la Montéégie et l’Estrie, sont en surpopulation de chevreuils.

Selon les données fournies par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), on comptait en 2021 un total de 161 cerfs de Virginie dans le parc national du Mont-Saint-Bruno, soit une densité trois fois plus élevée que la capacité de l’écosystème. Dans le cas du parc national des Îles-de-Boucherville, on comptait 299 cerfs, soit six fois la densité souhaitable.

Concrètement, on compte au moins une centaine de cerfs de Virginie de trop dans le parc national du Mont-Saint-Bruno et plus de 250 de trop dans celui des Îles-de-Boucherville. 

Toujours selon le MFFP, un total de 55 318 bêtes ont été abattues dans la province en 2022, une hausse de 17 % par rapport à la saison de chasse 2021.