«Comme famille des victimes, on ne se sent vraiment pas appuyés. On a l’impression que les criminels ont plus accès à la justice que nous», a lancé en cri du cœur Sylvie Guertin, la mère de Synthia Bussières, lors d’une manifestation devant le palais de justice de Longueuil le 25 septembre.
Il y a un an et un jour, sa fille et ses deux petits-enfants Éliam et Zac étaient assassinés. L’accusé Mohamad Al Ballouz sera de retour en Cour supérieure en janvier 2024 pour son enquête préliminaire.
Déplorant l’inaction du ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette face à ses demandes épétées de nommer davantage de juges pour éduire les délais des procédures judiciaires, Mme Guertin s’est adressée au premier ministre François Legault.
«Vous dites toujours que vous voulez une province riche. Une province riche, ça commence par avoir la justice, et l’égalité à la justice pour toutes les victimes, a-t-elle clamé, lors de l’événement organisé par plusieurs organismes et groupes de femmes. Donnez de l’argent. On dirait qu’on est les derniers de votre liste.»
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Sylvie Guertin. (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
Un deuil inachevé
Devant elle, quelques dizaines de manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Justice pour Synthia, justice pour toutes», «Au Québec, la justice avance à pas de tortue, et le ministre, de reculons» ou encore «Violences sexistes, riposte féministe».
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(Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
Mme Guertin a cité le directeur du Directeur des poursuites criminelles et pénales Patrick Michel, selon qui d’autres arrêts de procédures (arrêt Jordan) se verront au Québec et qui, espère-t-il, seront atténuées par la nomination de 14 juges. Rappelons que le ministre a annoncé en avril l’ajout de 14 postes.
«M. Jolin-Barrette, je ne sais pas dans quel monde vous vivez, si vous êtes au courant de la éalité. Des féminicides, il y en a eu, a-t-elle souligné. Ça fait des années que ça ne bouge pas. Ça n’a pas de sens qu’on se promène d’audience en audience.»
Cette dernière a aussi exprimé ses doléances à cet effet au premier ministre Justin Trudeau. «Que des criminels aient le droit de demander une libération après avoir causé des meurtres… ils ne devraient pas avoir accès à ça.»
Son deuil de sa fille et de ses petits-enfants ne pourra se faire tant que l’accusé n’aura pas été déclaré coupable. «La journée d’hier a été terrible», a-t-elle exprimé en essuyant des larmes et en remerciant les organismes et manifestants d’être là pour la famille et les proches.
L’enquête préliminaire de l’accusé est prévue en janvier 2024, soit 15 mois après le 24 septembre 2022. Le procès pourrait quant à lui se tenir plus tard au cours de la même année. Rappelons que l’arrêt Jordan prévoit une fin des procédures après 30 mois.
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Des automobilistes ont manifesté leur appui en klaxonnant. (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)
Prévention
Le familicide de Synthia Bussières, Éliam et Zac représente aux yeux de Marie-Christine Plante, adjointe à la direction de Carrefour pour elle, «l’aboutissement de l’escalade de la violence. Il représente le pire cauchemar pour les familles en quête légitime de éponses et d’action», a-t-elle signifié.
Il s’agit aussi du «pire cauchemar» des intervenantes qui aident les femmes et familles victimes de violence.
Une telle tragédie met selon elle en lumière une faillite de la société à offrir un filet de protection.
Mme Plante demande à Québec et Ottawa de faire davantage pour améliorer la prévention de la violence conjugale. «Nous espérons aussi obtenir des éponses sur les délais interminables en ce qui a trait au procès d’individu qui a commis l’inexcusable», a-t-elle soutenu.
Sylvie St-Amand, coordonnatrice de l’organisme brossardois Com’femmes, et Deborah Pearson du Pavillon Marguerite de Champlain ont aussi pris la parole à cet événement organisé par plusieurs partenaires communautaires et groupes de femmes, dont Inform’elle et le CAFAL.