En villégiature à Longueuil

le vendredi 18 août 2023
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Dans le étroviseur 
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

Par Michèle Lefebvre, bibliothécaire à BAnQ

Saviez-vous que Longueuil était un lieu de villégiature prisé au tournant du XXe siècle? En été, pour fuir les épidémies et la pollution, les bourgeois de l’époque abandonnaient les grandes villes pour les villages riverains, les « places d’eau » comme on les appelait alors. On pouvait y respirer un air pur et s’immerger dans des eaux vivifiantes éputées bénéfiques pour la santé.

Les environs de Montréal, encore largement ruraux et stratégiquement situés sur les rives du fleuve Saint-Laurent, sont investis à cette fin. Longueuil participe à ce mouvement. Durant les dernières décennies du XIXe siècle, de belles villas particulières y sont édifiées par de riches Montréalais entre la rue Saint-Charles et le fleuve sur de vastes terrains dotés de jardins luxuriants qui se terminent en bordure de la plage. La route 132 n’existe pas encore…

Quelques-uns de ces bâtiments ont survécu, notamment sur les rues Charlotte, Saint-Thomas, Grant, Saint-Jacques et Saint-Alexandre. Aujourd’hui serrés de près par des maisons et des immeubles à logements, ils ont perdu leur accès privilégié au fleuve et leur splendeur d’antan. 

Parmi les notables montréalais amoureux de Longueuil, on compte le célèbre photographe William Notman. Au cours des années 1870, il vient s’y détendre dans sa magnifique villa, aujourd’hui détruite. Sise rue Charlotte sur un terrain de plus de 2300 mètres carrés, cette demeure d’une quinzaine de chambres à coucher offre aussi à ses invités une allée de quilles, un terrain de tennis et un jardin fruitier privés. Des promoteurs, dont ce même Notman, le brasseur John Molson et le Longueuillois Ovide Dufresne, tentent d’ailleurs de faire surgir, bien que sans succès, un quartier de « maisons de plaisance » dans ce secteur rural qui deviendra un siècle plus tard le Domaine de Normandie.

Un reportage de La Presse du 11 juin 1911 vante ainsi les avantages de Longueuil comme lieu de villégiature : « En cinq minutes à peu près, l’homme d’affaires peut passer de l’enfièvrement de la ville à la paix la plus complète; il peut substituer à l’asphalte torride des rues métropolitaines, le gazon vert et les fleurs exquises de la plus idéale des campagnes ».

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Plan de propriétés […] situées à Longueuil subdivisées en villas et terrains à bâtir, Montréal, s. é., 1874. La Dufferin Street correspond à l’actuelle rue Saint-Charles Est et la Princess Royal Avenue à l’actuelle rue de Normandie.

Pourtant, les activités n’en sont pas absentes. Le Longueuil Boating Club, fondé en 1867, propose des compétitions de bateau et de natation pendant la journée; on s’amuse le soir en assistant à des spectacles et à des danses. La Compagnie de navigation de Longueuil organise diverses excursions. Déjà à l’époque, les traversiers entre Montréal et Longueuil font fureur durant la saison estivale. On apprécie l’escale à l’île Sainte-Hélène le temps d’un pique-nique ou d’un concert.

La prochaine fois que vous emprunterez la navette fluviale entre Longueuil et le Vieux-Montréal, laissez donc votre imagination vous transformer en villégiateur élégant d’autrefois…

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Traversier de Longueuil, vers 1900. Archives nationales à Montréal, fonds La Presse (P833, S3, D626).