Itinérance : L’Abri de la Rive-Sud déborde

le jeudi 14 septembre 2023
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local Voir les autres articles

La publication ce jeudi d’un rapport du ministère de la Santé du Québec à l’effet que 10 000 personnes sont itinérantes et que l’itinérance a augmenté de 44% au Québec depuis 2018 ne surprend nullement Lucie Latulippe, directrice générale de l’organisme L’Abri de la Rive-Sud à Longueuil.

Selon le rapport, la Montéégie comptait 787 itinérants en 2022, une hausse de 98%.

Mme Latulippe raconte qu’en 2019, les 30 places qu’avait L’Abri suffisaient à épondre à la demande.  «On arrivait à relocaliser les gens en moins de deux semaines», indique-t-elle.

Mais aujourd’hui, les 37 lits ne suffisent plus. «Nous avons ouvert un mini-dortoir. Notre liste d’attente compte plus d’une centaine de personnes», signifie-t-elle. 

Selon l’intervenante, tout a déboulé avec la COVID-19. «Il y a des gens à Longueuil qui dorment dans leur auto. Il y a des campements. L’autre jour, nous avons reçu un homme de 88 ans qui s’est retrouvé à la rue pour la première fois de sa vie. C’est inacceptable», affirme-t-elle.

La directrice générale précise qu’un plus grand nombre de sans-abris le sont pour la première fois. «Plus on attend pour reloger une personne sans-abri, plus c’est difficile de la relocaliser.»

Avec l’hiver qui s’en vient, Mme Latulippe ne voit pas la lumière au bout du tunnel. Elle craint un plus grand nombre de suicides et de morts accidentelles en raison du froid. «On est un peu découragé!» lance-t-elle.

À propos des 20 M$ débloqués par le gouvernement en aide d’urgence pour lutter contre l’itinérance, la directrice générale de L’Abri de la Rive-Sud hausse les épaules : «J’ai hâte de voir où va aller cet argent».

«L’épicerie nous coûtait 15 000$ il y a trois ans. Cette année, elle va nous coûter 60 000$.»
– Lucie Latulippe, directrice générale de L’Abri de la Rive-Sud

Le budget de l’organisme du chemin du Coteau-Rouge est de 1,5 M$ par année. 

«On a une trentaine d’employés. On doit s’occuper d’un bâtiment de quatre étages incluant le sous-sol. On a une équipe de maintenance, une équipe en cuisine et bien d’autres dépenses», souligne Mme Latulippe.