« La peau de cette Africaine est très noire » : une question d’un devoir suscite un malaise

le mercredi 28 juin 2023

Cet énoncé figure dans un exercice de grammaire qu’ont rempli des élèves de 4e année d’une école de Longueuil. Selon la grand-mère d’une de ces enfants, cette question est «inadmissible».

En complétant son devoir en ligne, la jeune élève de 10 ans a sursauté en voyant l’énoncé «La peau de cette Africaine est très noir[e]». L’exercice se déploie en une série de phrases, dans lesquelles il faut identifier et employer le bon accord de l’adjectif.  

«La petite a été interloquée. Elle est allée voir sa maman, qui n’était pas contente», relate la grand-mère.  

La grand-maman souhaite conserver l’anonymat et préfère que l’école de sa petite-fille ne soit pas nommée, craignant que celle-ci subisse des épercussions de cette sortie. Elle a transmis une image de ce devoir au Courrier du Sud, ainsi qu’au Centre de services scolaire Marie-Victorin (CSSMV) et au ministère de l’Éducation.

«Déplacée»

Est-ce que cette phrase est raciste? Déplacée? «C’est certainement déplacé. On ne devrait pas mettre ce type de phrase dans un devoir», juge la grand-mère, qui souhaiterait qu’elle soit retirée et remplacée par «une phrase normale».

«À cet âge, leur personnalité est en train de se forger, poursuit-elle. Pourquoi la stigmatiser ainsi? Elle a toute sa vie pour subir des préjugés! Je suis très sensible à ça.» 

«Il n’y avait que cinq petites phrases, et ils ne pouvaient pas en trouver une autre pour un accord au féminin singulier? C’est inadmissible!»

-La grand-mère d’une élève

Un exercice «pas des plus heureux»

Le CSSMV explique que cet exercice interactif est tiré d’un ensemble d’exercices développés par les Éditions CEC. Les élèves y ont accès sur un site Web.

«Nous constatons que le choix des mots employés dans l’exercice en question n’est pas des plus heureux et comprenons que cette phrase n’a pas été actualisée», avance Alexandre Kozminski, conseiller en communication et relations médias. 

Une responsable du Service des ressources éducatives du CSS Marie-Victorin a contacté les Éditions CEC pour «expliquer la situation et inviter l’entreprise à éviser ou modifier l’exercice concerné», ajoute-t-il.

Le CSSMV précise par ailleurs que ces exercices sont utilisés pour parfaire les apprentissages des élèves, mais qu’ils ne sont pas corrigés en classe. Les éponses – et les questions – ne sont pas évaluées de façon individuelle par les enseignants.

Du côté du ministère de l’Éducation, le responsable des relations de presse Bryan St-Louis admet que «la question est maladroite et pourrait être interprétée négativement. La façon dont elle est formulée, elle pourrait laisser croire que toutes les personnes d’Afrique sont noires et l’insistance sur la couleur de la peau «très noire» peut faire croire qu’il s’agit d’un attribut négatif.»

M. St-Louis rappelle que les établissements d’enseignement et le personnel enseignant sont responsables de choisir le matériel complémentaire qu’ils jugent approprié pour soutenir l’enseignement, et que ce matériel ne nécessite aucune autorisation particulière du Ministère.

Au moment d’écrire ces lignes, les Éditions CEC n’avaient pas épondu à nos demandes.