La vivacité de ses 100 ans

le mardi 21 novembre 2023

Les centenaires ne font plus figures d’oiseaux rares, mais force est d’admettre qu’il est tentant d’y voir un exploit, surtout quand la centenaire en question est aussi drôle et vive d’esprit que la Longueuilloise Claire Marcotte.

Initialement, Le Courrier du Sud se préparait à cette rencontre avec en tête l’idée de discuter du service de livraison de livres à domicile, offert par la bibliothèque de Longueuil, et dont bénéficie Claire Marcotte. 

Une fois par mois, elle reçoit la visite de Valérie Borduas. On devine que les bouquins et revues deviennent presque un prétexte, tellement une belle relation semble s’être soudée entre ces femmes, qui se connaissent pourtant depuis peu. 

C’est d’ailleurs grâce aux démarches de Mme Borduas que, le temps d’une discussion, la mairesse de Longueuil Catherine Fournier et la journaliste ont questionné et écouté Mme Marcotte dans son salon, quelques jours avant son anniversaire qui marquera ses 100 ans, le 26 novembre.

églons d’entrée de jeu la traditionnelle question : quel est le secret de la longévité?

«Je vais reprendre ce qu’on m’a déjà dit : Toi, tu as eu une belle vie!» s’exclame Mme Marcotte.

Autrement dit, ajoutera-t-elle plus tard, il faut profiter de la vie et rester positif.

Aussi, le verre de vin ou le «petit drink» pris égulièrement y est-il peut-être pour quelque chose? Mystère…

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(Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

La longévité, c’est aussi de famille : une mère décédée à 98 ans, une sœur à 97 ans. Claire Marcotte était la cadette de cinq enfants. «J’ai toujours dit que j’étais la dernière. Là, je peux dire : Dieu merci!» signifie-t-elle en riant.

À la maison

À son vénérable âge, Mme Marcotte a pu éviter les ésidences pour aînés. Elle est locataire depuis à peine deux ans du rez-de-chaussée du triplex dont elle a été longtemps propriétaire.  

Ne pouvant plus sortir de chez elle, elle reçoit l’aide de son neveu Paul, 77 ans, qui la visite quotidiennement, lui apporte ses repas et fait ses courses. Et il l’appelle chaque matin. «Il me demande toujours : comment ça va, as-tu bien dormi?» rapporte Mme Marcotte.

Elle peut rester à la maison grâce à l’aide à domicile mais, confie Valérie Borduas, trouver des bénévoles est très ardu. À l’instar de la pénurie de main-d’œuvre, le manque de bénévoles est criant. 

Et ce n’est que cet automne que Mme Marcotte s’est débarrassée de sa voiture.  «Le gouvernement dit qu’il veut enlever des voitures de la route, observe-t-elle. Je n’attendrai pas de recevoir une lettre! Je vais le faire moi-même, ce sera plus facile à absorber.»

« On a juste une vie! »

Née à Princeville, Claire Marcotte est allée à l’école jusqu’à la 11e année. Un fait rare pour une jeune fille à cette époque. «On était trois filles dans la classe», se rappelle-t-elle.

Mme Marcotte a bien tenté d’exercer le métier d’enseignante dans son école de rang, mais ce fut de courte durée. «Dans la même classe, il y avait la 1e, 2e, 3e, 4e et 5e année. Je n’ai pas aimé ça, ce n’était pas ma branche! C’était trop! Il faut pas se tuer à l’ouvrage!» s’exclame-t-elle.

Après un passage à l’université, elle aura été secrétaire pendant 32 ans à la GTE (Sylvania).

Mme Marcotte a obtenu son permis de conduire à 22 ans; autre cas plutôt rare chez les femmes à l’époque. «C’est mon beau-frère, camionneur, qui m’avait montré», relate-t-elle.

«Je la connais depuis peu, mais Claire, on dirait qu’elle sait ce qu’elle veut!» commente Valérie Borduas.

«On a juste une vie!» lui épond du tac au tac Mme Marcotte.

Cette dernière s’est mariée à 23 ans, en juin 1947. Elle n’a pas eu enfants; ce qui n’était pas un choix.

Elle a déménagé à Ville Mont-Royal, puis plus tard à Longueuil, lorsque son mari a été transféé chez Bombardier. «Qui prend mari prend pays! dit-elle avec le sourire. Mais comme la majorité des homme, il est décédé jeune.»

Le mariage trône certainement tout en haut de la liste des plus beaux souvenirs de Mme Marcotte. Et pas très loin, ses voyages, qu’elle a entrepris à la retraite. «Je suis allée en Amérique du Sud, en Europe… qui n’est pas allé à Paris!» dit celle qui a été snowbird pendant 18 ans.

«Mais il faut d’abord commencer par voir son pays», estime Mme Marcotte. Elle a visité le Canada, des Maritimes jusqu’en Colombie-Britannique, en passant par l’Alaska. 

«Voilà, vous savez tout de ma vie!», lance-t-elle naïvement à ses invitées.

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Claire Marcotte en compagnie de la mairesse Catherine Fournier (Photo: Gracieuseté)