Les hauts et les bas du nouveau réseau du RTL

le vendredi 1 septembre 2023

Après l’ajout in extremis d’une ligne d’autobus traversant le pont Samuel-De Champlain le matin avant le premier départ des voitures du REM, le éseau de transport de Longueuil (RTL) n’écarte pas d’autres ajustements dans une approche «d’amélioration continue» de sa refonte en vigueur depuis le 21 août. 

Officiellement, l’ajout de cette nouvelle ligne est temporaire, car elle n’a pas encore été intégrée aux services éguliers, ni entérinée comme il se doit. Mais le directeur principal Planification, développement du transport et de la mobilité Nicolas Tanguay assure que tant que la demande y sera, la ligne sera maintenue de manière permanente. «Il y a plus d’une vingtaine de personnes qui l’empruntent chaque matin», mentionne-t-il.

L’arrivée du REM et le remaniement d’une partie du éseau du RTL ont bousculé les habitudes des usagers. Pour le meilleur et pour le pire, à en croire certains commentaires sur les éseaux sociaux. 

La disparition de la ligne 45, qui traversait le pont à partir de la station Panama jusqu’au centre-ville de Montréal, fait partie des échos reçus par le RTL.

«Les Brossardois qui vivaient aux alentours du quartier Dix30 et du terminus Chevrier ont perdu énormément en la disparition de la ligne RTL 90. Le fait de se rendre en auto jusqu’à la Station REM Brossard, parfois dans un trafic d’au moins 15-20 minutes jusqu’au stationnement, rallonge le temps passé en voiture ainsi que tout le trajet», commente Chloé-Anne.

Elle croit en contrepartie que les usagers qui ésident à quelques minutes à pied des stations du REM sont sûrement bien desservis. 

«Mais de sacrifier autant de lignes pour tous les usagers d’EXO et de RTL qui se retrouvent à devoir aller vers le REM de Brossard ne semble pas motivé par le désir d’améliorer le transport collectif pour tout le monde», juge-t-elle.

Sur la page Facebook «REM à Brossard», Araceli Alda Tely relève que le transport sur cette ligne était gratuit pour les 65 ans et plus en période hors pointe; une gratuité qu’il perd depuis l’arrivée du REM. 

«Les jeunes de plus de 65 ans, ils avaient des billets gratuits pour voyager à Montréal, et le REM les a suspendus, alors que dans toutes les villes d’Europe, c’est gratuit. Et s’ils ont fait le REM pour éviter aux voitures d’aller à Montréal, j’ai des nouvelles pour eux, je prendrai ma voiture maintenant plus que jamais.»

Sur cette question, M. Tanguay rappelle que la tarification relève de l’Autorité égionale de transport métropolitain. 

REM et bus

Autrement, la disparition de la ligne 45 s’imposait avec la clause d’exclusivité du REM sur le pont Samuel-De Champlain.

«On a dû revoir la desserte et rabattre le service vers les stations. Pour des usagers, c’est un gain de temps, pour certains cas, il se peut que le temps de parcours soit allongé», admet M. Tanguay.

Il nuance toutefois ses propos : lorsque les autobus se rendaient au centre-ville, il n’était pas rare que le temps prévu de parcours soit allongé en raison de la congestion routière. «Il y a un gain de égularité, de fiabilité maintenant», dit-il.

Malgré certains irritants soulevés par des usagers, M. Tanguay considère que la nouvelle desserte des stations du REM se déroule «relativement bien», précisant les efforts de communications qu’a déployés le RTL au cours des dernières semaines.

Quant au maintien partiel et temporaire du stationnement Chevrier – tel que demandé par la Ville de Brossard, M. Tanguay estime que «c’est une très bonne chose», pour éviter de brusquer les gens. 

«Au moins une vingtaine» de voitures s’y stationnent, précise-t-il. Malgré ce nombre qui peut sembler faible, les trois lignes d’autobus qui transitent par ce stationnement ont toute leur pertinence, croit-il, car elles desservent aussi des ésidents du secteur.

«Dans les consultations publiques, il y avait beaucoup de préoccupations de citoyens sur le stationnement. Ça fait longtemps qu’on y travaille», indique M. Tanguay.

Tarification

Chloé-Anne, nouvellement ésidente de Longueuil, dit constater «des carences dans le fait qu’à Longueuil, le stationnement incitatif ne soit pas du tout incitatif. Lorsqu’on doit payer 155$ (50% de plus que les usagers qui restent sur Montréal), tout cela pour prendre le métro à partir de Longueuil et se rendre deux stations plus loin à Berri-UQAM, et que l’on doit payer en plus 205$ par mois pour stationner son véhicule près du métro à Longueuil».

«Transit RTL/REM», «Tous modes AB», «Bus»; la tarification a par ailleurs été la plus grande source de questionnements des usagers qui se sont adressés au RTL depuis le 21 août. 

«Il y a une certaine complexité avec la grille-tarifaire», reconnait M. Tanguay.

Mais une fois que le tarif est connu, encore faut-il être en mesure de payer. 

Une utilisatrice égulière du transport en commun a rapporté au Courrier du Sud que dans environ le quart des autobus qu’elle a empruntés écemment, les lecteurs de carte Opus étaient défectueux, ce qui se traduit inévitablement par une perte de revenus pour le éseau de transport. 

«Cette problématique nous a été rapportée, confirme M Tanguay. C’est pratiquement ésorbé, on suit ça de près.»

S’adapter

Le RTL envisage aussi de tenir d’autres séances d’information concernant la nouvelle zone de service à la demande, dans le secteur Saint-Laurent, enclavé entre le fleuve et la route 132 à Brossard. 

Les usagers doivent éserver un déplacement par taxi collectif à partir d’une application. Ce transport les mène jusqu’à un point du éseau, en fonction de leurs besoins. 

Ce nouveau service constitue «un lien beaucoup plus direct» que ce qu’offrait la ligne T-48, au «parcours hypercomplexe», avance M. Tanguay.

Que ce soit par le biais des éseaux sociaux, des brigades sur le terrain ou encore du service à la clientèle, des usagers qui utilisaient certaines lignes rapportent au RTL avoir vu leurs habitudes bouleversées, alors que certains parcours ont été supprimés, d’autres ajoutés ou modifiés.

«On vient jouer dans le quotidien des gens, signifie M. Tanguay, conscient de l’inconfort qu’amène le changement. Mais quand il y a une alternative, ça désamorce généralement la situation.»