L’opposition restreinte, dénoncent les deux élus indépendants à Brossard 

le mardi 21 novembre 2023

Un sujet pour le moins inattendu suscite des accusations de «démagogie incroyable» et d’«affront à la démocratie» de la part de la mairesse de Brossard Doreen Assaad et de la conseillère de l’opposition Xixi Li : l’accès au troisième étage de l’hôtel de ville, où se trouve le bureau de la direction générale.

À la séance du conseil du 14 novembre, Xixi Li a soumis la proposition que les deux élus indépendants aient accès à l’étage du bureau du directeur général.

«Claudio Benedetti et moi, nous sommes coincés dans notre bureau et à la bibliothèque. On est victimes de cette sorte d’intimidation et de non-respect, estime-t-elle, et c’est pourquoi j’ai fait cette proposition.»

Au Courrier du Sud, Mme Li soutient qu’il en a toujours été ainsi depuis son élection comme conseillère municipale. 

«Au début de notre mandat, on nous a expliqué que notre bureau serait au fond de la bibliothèque, à la suite d’une demande de la mairesse.  Un petit bureau pour nous deux a été mis à part des autres conseillers et relégué à la bibliothèque, sur un autre étage», expose-t-elle.

Mme Li juge «important» de pouvoir rencontrer «le directeur général ou la mairesse pour discuter des dossiers». 
«Cette décision ne respecte pas le principe d’équité dans le code d’éthique [de la Ville]. Je demande que cela soit corrigé dans les plus brefs délais», exige-t-elle.

À ses yeux, il s’agit là d’un «affront à la démocratie».

Un point de vue partagé par son collègue, le conseiller municipal Claudio Benedetti. «Deux classes de conseillers sont actuellement à Brossard, dénonce-t-il. L’édifice de la mairie appartient à tous les citoyens, lesquels sont représentés par leur conseiller.»

M. Benedetti se éfère aussi au code d’éthique de la Ville, dont les dix valeurs fondamentales incluent l’intégrité, le respect et le travail d’équipe.

«À mon cinquième mandat de 4 ans, je n’ai jamais vécu pareille situation.»

-Claudio Benedetti, dénonçant entre autres qu’il ne soit au fait d’aucun détail sur le budget 2024 en préparation

Les autres élus bénéficient aussi sur cet étage d’un accès à une dînette, un petit salon et une salle de rencontre avec les citoyens.

Séparation « essentielle »

La mairesse voit dans cette demande une «démagogie incroyable». 

«Les deux élus de l’opposition ont le même accès à la direction générale que tous les autres élus, que ce soit par courriel, téléphone ou en sollicitant une rencontre, affirme-t-elle. La direction générale a toujours offert toute sa collaboration à l’ensemble des élus.»

M. Benedetti et Mme Li n’ont pas accès physiquement à l’étage où se trouve son bureau, et ce, «par souci de confidentialité», soulève-t-elle.

«Ils ont leur propre bureau et je ne vais pas non plus dans leur bureau, afin de créer un environnement où on peut travailler en toute confiance», souligne Mme Assaad. 

À sa connaissance, les élus de l’opposition n’ont jamais eu accès à l’étage du bureau du maire. 

«Cette séparation est essentielle pour maintenir un sain climat de travail, estime-t-elle. La demande de l’opposition n’est qu’une mise en scène qui cherche à manipuler l’opinion publique.»

Sur ce point, M. Benedetti mentionne que lors du remaniement des comités de travail à la suite de la dissolution du conseil en 2020, les conseillers indépendants de l’époque avaient nommés tous les élus dans des comités, qui avaient ainsi accès au troisième étage.

Sur les procédures

Comme lors de précédentes séances, Xixi Li a soumis des ajouts en début d’assemblée. 

Cette fois, le conseiller Christian Gaudette a à son tour suggéé que ces propositions soient soumises pour étude par la direction générale. Selon Mme Li, ses propositions n’ont pas à passer par les mains du DG.

Outre l’accès au troisième étage, Mme Li demandait un gel de taxes pour l’année 2024 ainsi qu’une motion afin de dénoncer des attaques sur une école juive dans la égion de Montréal.

Selon la mairesse, cette «stratégie» est «du grand théâtre», dit-elle au Courrier du Sud.

Mme Li aurait l’occasion de soumettre ses demandes lors de la rencontre plénière la veille de chaque conseil de ville avec la direction générale et la mairesse.

«Jamais, en deux ans de mandat, elle ne m’a contacté pour faire ajouter une motion à l’ordre du jour, relève-t-elle. Elle a un mois entre chaque conseil pour tenter de discuter, négocier et faire accepter que sa motion soit adoptée en conseil. Si la cause qu’elle prétend défendre lui tenait vraiment à cœur, c’est ce qu’elle ferait.»