Milieux naturels à Longueuil : les coûts et ambitions de la conservation

le lundi 23 octobre 2023

Des 1800 hectares épartis en 13 sites à l’étude du nouveau Plan de protection et de conservation des milieux naturels (PPCMN) de la Ville de Longueuil, environ 500 hectares appartiennent à des propriétaires privés, ce qui équivaut à 200 M$ de valeur foncière – 400 M$ en valeur marchande. Prête à entamer des discussions, la mairesse Catherine Fournier signale que Québec devra y mettre du sien pour mener à terme ces ambitions de protection.

En conférence de presse au parc de la Cité le 23 octobre, la mairesse n’a pas manqué de souligner «l’ampleur» et l’«ambition» du défi de protéger à perpétuité 21% du territoire d’une ville aussi urbanisée que Longueuil. C’est l’objectif que vise le PPCMN.

Même si les procédures peuvent prendre un à deux ans, protéger les terrains d’intéêt appartenant à la Ville, notamment grâce à la servitude de conservation, sera la partie la «plus facile, entre guillemets», a soutenu Mme Fournier.

«Là où le bât blesse, c’est lorsque les terrains n’appartiennent pas à la Ville, a-t-elle poursuivi. On veut lancer les discussions dans les prochaines semaines. On veut favoriser la transparence avec ces propriétaires, discuter potentiellement d’échanges de terrains. On veut éviter les démêlés et processus judiciaires.»

 

 

 

À cet égard, Mme Fournier a interpellé le gouvernement du Québec afin que soient amendés des articles du projet de loi 22 qui modifiera la Loi sur l’expropriation, afin que la protection des milieux naturels soit exclue de la définition d’expropriation déguisée. C’est aussi une demande du Centre québécois sur le droit de l’environnement et de l’Union des municipalités du Québec.

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Les secteurs à l’étude (Photo Ville de Longueuil)

Le projet de loi est actuellement à l’étude, Québec a l’opportunité de «faire preuve de courage», a clamé Mme Fournier, consciente des risques judiciaires de montrer les intentions de la Ville à l’égard des milieux naturels à protéger.

«On compte sur Québec pour nous aider. On va faire notre part, des terrains de Longueuil seront sur la table, pour des échanges. Mais nous devons avoir l’outil légal pour protéger les milieux naturels, et parfois même sans compensation.»

-Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

De ces terrains appartenant à des propriétaires privés, tous sont des milieux naturels ou boisés et ils ne comptent aucun développement.

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Massimo Iezzoni, directeur général de la CMM (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

À un autre chapitre, le directeur général de la Communauté métropolitaine de Montréal Massimo Iezzoni a fait part de discussions à venir avec Québec pour accélérer l’obtention de statuts de conservation. Celui de «refuge faunique» du Boisé Du Tremblay, attendu depuis 2017, devrait venir à l’automne, a confirmé Catherine Fournier.

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Les priorisations de conservation (Photo Ville de Longueuil)

Coût de renonciation

Interrogée sur les coûts reliés à la protection des milieux naturels, Mme Fournier a aussi fait mention du «coût de renonciation» de la Ville, soit les revenus de taxes foncières dont elle se prive en protégeant un territoire du développement immobilier. Ils se chiffrent à 18 M$.

«On choisit de se priver de ce montant, mais la valeur écologique des terrains que l’on protège, même si elle ne se calcule pas, est pas mal plus élevée», a estimé la mairesse.

Dans le document, la mise en application du Plan est évaluée entre 10 M$ et 25 M$. 

Deux nouveaux parcs-nature 

Par son plan de conservation, Longueuil veut rendre la nature davantage accessible aux citoyens.

La Ville planifie entre autres d’ajouter deux parcs-natures à ceux existants que sont les parcs Michel-Chartrand, de la Cité, Marie-Victorin et au Boisé Du Tremblay. Ils seraient situés dans le secteur Maricourt (au sud-est de Longueuil, parallèlement à l’autoroute 30, entre les Promenades Saint-Bruno et le boulevard Grande-Allée) ainsi qu’en milieu agricole, dans le Boisé Saint-Hubert, tous deux à l’est de l’autoroute 30. 

Un projet planifié à «long terme», dont l’échéance est fixée à 2027-2030.

Dans le même horizon, la Ville souhaite consolider le éseau de sentiers du Boisé Du Tremblay en ajoutant des accès et bonifier les sentiers des Parc riverains. 

Outre l’accessibilité, la connectivité – notamment par des corridors de biodiversité – ainsi que la protection et restauration, et la mobilisation sont les autres orientations du Plan.

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Pascal Bigras, directeur général de Nature-Action Québec. (Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

«Dans le sud du Québec, les défis de conservation sont très importants, mais vous avez démontré qu’ils ne sont pas insurmontables, a avancé Pascal Bigras, directeur général de Nature-Action Québec, en s’adressant à la mairesse de Longueuil. Vous mettez la barre très haut pour les autres municipalités.»

 

 

Œuvre éphémère

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(Photo: Le Courrier du Sud – Ali Dostie)

La conférence de presse a été l’occasion de dévoiler une œuvre d’art numérique éphémère, qui sera installée jusqu’au 29 octobre au pavillon d’accueil du parc de la Cité. 

Projetée sur quatre écrans, Grandeur nature : une fenêtre sur la protection et la conservation des milieux naturels longueuillois met en lumière les paysages naturels longueuillois et fait entendre des témoignages de jeunes, de citoyens, d’experts et de la mairesse Catherine Fournier, qui présentent les enjeux inhérents au Plan de protection et de conservation des milieux naturels.

 

 

En vrac

-Protection à perpétuité de 1500 hectares d’ici 2030. C’est huit fois le Mont-Royal.

-Connectivité des milieux naturels entre autres grâce à des corridors de biodiversité, pour une plus grande ésilience.