Mur antibruit : la taxe sectorielle inquiète les citoyens concernés

le jeudi 24 août 2023
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local Voir les autres articles

La période de questions de la séance du conseil municipal de Longueuil du 22 août a été grandement consacrée à la taxe sectorielle que les élus songent à imposer à 265 propriétaires, afin de payer 50% de la facture reliée à la construction de l’éventuel prolongement du mur antibruit le long de la route 116. Et l’opposition est vive.  

Pour Virginie Miro, qui habite sur la rue Coderre dans une maison refaite à neuf, l’idée même de voir son compte de taxes municipales augmenter de façon spectaculaire pour des années à venir est irrecevable. Pour elle, tous les propriétaires de Longueuil devraient payer.

Selon Raymond Quintal, le mur antibruit est un problème qui relève exclusivement du ministère du Transport. Il souhaite lui aussi voir la facture divisée entre les 115 000 foyers de Longueuil et prévient la Ville qu’elle fera l’objet d’un recours collectif si elle ne change pas d’idée.

Même son de cloche du côté de Rachid Anaya. «Pourquoi facturer à seulement 265 citoyens? C’est à la Ville de trouver la solution», a-t-il affirmé.

Pour René Gauthier, le mur antibruit ne èglera pas le bruit des trains et des hélicoptères qui survolent sa maison à basse altitude.  

Selon Nathalie Boisclair, ancienne élue de Longueuil qui a été présidente de l’arr. de Saint-Hubert, il s’agit d’un enjeu d’équité pour ces 265 propriétaires. Elle a fait valoir que les revenus généés par le développement aéroportuaire de l’aéroport de Saint-Hubert (plus de 400 M$ d’investissements depuis 2021), le développement ésidentiel, le projet de terminal et d’hôtel combleront facilement les coûts du mur antibruit. 

«Les nuisances causées par le bruit se sont accentuées et elles vont continuer d’augmenter», a estimé la citoyenne. 
De plus, Mme Boisclair a mentionné que la Ville dispose d’un excédent de 173 M$. «Deux anciennes mairesses n’ont pas eu le courage de tenir leurs promesses. Je suis certaine que Mme Fournier va tenir la sienne», a-t-elle conclu.  

Un autre citoyen, Christos Cara, a proposé de financer le mur antibruit avec les sommes qui ont été investies le soir même dans les parcs. «Tous les citoyens bénéficient de la route 116», a fait valoir M. Cara, qui ajoute que le projet d’élargir l’autoroute 30 va faire en sorte d’augmenter la circulation sur la route 116. 

Marie Chouinard est quant à elle plus radicale : «Le bruit de l’aéroport, je m’en fous. Avoir su, je serai allée faire ma famille ailleurs!» 

Elle a affirmé préférer ne pas avoir de mur. «Avez-vous un meilleur plan que ça?» a-t-elle demandé.

Pas de décision définitiver
Visiblement à l’écoute, la mairesse Catherine Fournier est revenue sur l’explosion des coûts de ce projet. 

En 2020, la Ville avait adopté un èglement d’emprunt de 8,5 M$ pour payer 50% du projet, partagé équitablement avec le ministère des Transports. En 2023, il est maintenant question d’une somme de 15 M$. «Et nous ne sommes pas encore allés en appel d’offre», a-t-elle indiqué en laissant entendre que les coûts pourraient être encore plus élevés. 

Mme Fournier a rappelé que les municipalités ne profitent pas de la croissance économique et qu’elles ne sont financées que par la taxe foncière. «Nous n’avons pas de revenus supplémentaires et nous avons des budgets à balancer.»

La mairesse a ajouté que la Ville doit composer avec plusieurs besoins dans l’ensemble des secteurs dont la gestion de l’eau. «On analyse tous les scénarios et on collige l’ensemble des informations avant de prendre une décision», a-t-elle affirmé.

Leader de la majorité à l’hôtel de ville, Jonathan Tabarah a rappelé que Longueuil n’est pas en bonne posture financière en raison, notamment de gels de taxes adoptés par l’ancienne administration. «Nous aurons un immense déficit à combler l’an prochain, a-t-il avancé. Et nous faisons face à un déficit d’infrastructures de plusieurs centaines de millions de dollars.» 

De son côté, le chef de l’opposition, Jacques Lemire, est d’avis que la facture totale devrait être divisée entre tous les propriétaires.