Impossible de circuler dans les rues en ce matin du 6 novembre sans voir flotter les drapeaux verts du Front commun. Pas moins de 72 000 travailleurs des milieux de l’éducation ainsi que de la santé et des services sociaux de la Montéégie se font entendre en cette journée de grève.
À Salaberry-de-Valleyfield, on a pu apercevoir des piquets de grève devant la plupart des écoles et établissements de santé. Certains grévistes se sont également installés, drapeaux verts en main, près du rond-point de la rue Victoria.
Du côté de Longueuil, une enseignante en cinquième année à l’école Armand-Racicot, Isabelle Audy déplore que le salaire ne soit pas très attrayant pour les jeunes qui se lancent dans la profession. «C’est long avant d’arriver à quelque chose de décent», dit-elle, entourée de plusieurs de ses collègues, devant l’établissement scolaire. Elle juge aussi «insultant» de recevoir une offre d’augmentation salariale qui est dessous de l’inflation.
Rappelons que le gouvernement a proposé une hausse de 10,3% sur trois ans.
Néanmoins, aux yeux de Mme Audy, l’amélioration des conditions de travail demeure l’enjeu le plus important de ces négociations.
«Les conditions en classe sont très très difficiles. De plus en plus d’élèves ont des difficultés particulières. On les intègre, on avait promis du soutien, il n’y en a pas vraiment. Oui, il y a du soutien, mais pas dans toutes les classes, c’est saupoudré», soutient-elle.
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Les drapeaux verts étaient bien visibles devant l’école primaire Sacré-Coeur à Salaberry-de-Valleyfield. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)
«On n’est pu capable!»
Elle voit aussi le mandat de plus de 90% à une éventuelle grève générale illimité comme un témoin de l’état d’esprit des employés de l’éducation.
«Ça dit à quel niveau on a besoin d’aide. On n’est pu capable!» lance-t-elle.
Elle rapporte que l’école a perdu deux enseignantes d’expérience au cours des deux dernières années, qui ont quitté la profession en raison des conditions difficiles.
Isabelle Audy estime que le Front commun peut actuellement compter sur l’appui d’une bonne partie de la population. Elle est toutefois consciente que cet appui pourrait s’amenuiser advenant une grève générale illimitée.
«Mais si nous on est prêt à se serrer la ceinture et aller jusqu’au bout là-dedans, c’est d’abord et avant tout pour les enfants, relève-t-elle. Au bout du compte, c’est pour eux ce qu’on fait.»
Rappelons que c’est avec l’appui d’un mandat adopté à 95% que le Front commun éclame un rattrapage salariale et de meilleures conditions de travail. Selon le front commun, la moyenne salariale des employés du secteur public est de 43 916$; un retard salarial de -11,9%.
Le Front commun regroupe les travailleurs de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS.
(Collaboration Mario Pitre)