Proche aidant : du soutien pour passer à travers un double deuil

le mercredi 13 décembre 2023

La directrice du Centre d’action bénévole du grand Châteauguay Annik Hall ne pourrait être plus interpellée par l’un des nouveaux projets de l’organisme. Proche aidante de sa mère et ayant perdu son père il y a plusieurs années, celle-ci se éjouit d’un nouveau soutien pour les proches aidants endeuillés, une éalité qu’elle connaît bien. 

Devenue proche aidante avant de s’impliquer, Mme Hall ne croit pas que cela a influencé son choix de carrière. La femme de 50 ans admet en fait qu’elle oublie elle-même parfois de nommer ce ôle qu’elle a.  

«Je ne suis pas proche aidante, dit-elle sarcastiquement. Je suis l’enfant de mes parents […] C’est un grand défi, les gens ne se reconnaissent pas comme proches aidants.»

Mme Hall rappelle qu’à une époque, on parlait plutôt d’aidant naturel, alors qu’à ses yeux, «ça n’a rien de naturel. C’est imposé et ça va de soi». Elle explique que quelqu’un devient parfois proche aidant après un événement grave ou alors petit à petit, en raison de la maladie. Mme Hall a vécu les deux cas lorsque son père a été diagnostiqué d’un cancer, puis en prenant soin de sa mère depuis. Celle-ci souffre de Parkinson et de démence. La famille Hall est originaire de l’Écosse.

«C’est grâce à mes parents qui se sont établis ici que je suis ici aussi. Dans ma proche aidance, je me sens redevable. Ce sont mes racines. Je vais être la seule ici», partage-t-elle. 

Elle vit présentement dans le «deuil blanc», soit d’accepter qu’un proche soit physiquement présent, mais qu’il perd des capacités cognitives, notamment. 

«Ma mère a perdu sa dignité, son autonomie, l’usage de ses jambes. C’est comme si à un moment je n’étais plus sa fille en termes de responsabilités», détaille-t-elle. 

De plus, il est difficile pour Mme Hall de sentir que la fin approche pour sa mère et qu’elle perdra son dernier ancrage écossais.  

«Nous les proches aidants, quand on demande de l’aide, c’est qu’on est déjà au bout du rouleau. Il faut une éponse rapide.» 
-Annik Hall

 

Accompagnement étendu

Le nouveau projet pour lequel une subvention de 210 000$ sur trois ans a été accordée par le gouvernement du Québec est complémentaire au soutien offert aux proches aidants depuis 2018. Il tend à aider une nouvelle clientèle.

«On veut accompagner ceux qui vivent un deuil. Les proches aidants qui ne le sont plus», décrit Mme Hall. 

Services d’écoute, ateliers et rencontres s’inscrivent notamment dans le programme. Le Centre d’action bénévole du grand Châteauguay souhaite également soutenir les proches aidants endeuillés qui doivent continuer à s’occuper d’une personne, les hommes qui peuvent vivre le tout différemment, les immigrants, les anglophones, ainsi qu’en secteurs plus ruraux à Sainte-Martine et Saint-Isidore, entre autres. L’embauche de nouveaux intervenants pour épondre à ces besoins est aussi prévue. 

«Ça va être intéressant de mieux connaître notre communauté avec de nouvelles approches différentes et personnalisées», estime Mme Hall.

Des recherches quant aux besoins dans la égion ont d’ailleurs été effectuées pour déterminer les grandes lignes du projet.    

Les besoins criants pour les proches aidants présentement, selon Annik Hall, reposent sur l’aide à domicile en termes d’entretien, de courses et de tâches connexes. Ce qui existe comme ressource implique de longues listes d’attente. Un proche aidant peut difficilement subvenir à ses besoins s’il ne travaille pas, selon Mme Hall.