Accusé par la Gendarmerie royale canadienne (GRC) en 2021 d’avoir servi clandestinement les intéêts de la Chine alors qu’il travaillait pour l’Agence spatiale canadienne à Saint-Hubert, le Brossardois Wanping Zheng se retrouve au cœur d’une affaire internationale. Alors qu’un juge du palais de justice de Longueuil a permis à sa défense le 29 juin d’obtenir des données internes de l’Agence sur les satellites, La Presse a détaillé le dossier, qui impliquerait un groupe de mercenaires.
Wanping Zheng a travaillé pendant 26 ans à l’Agence spatiale canadienne jusqu’à sa démission en 2019, peu de temps après que son employeur ait déclenché une enquête interne à son sujet.
Il a ensuite été embauché par l’entreprise chinoise Spacety spécialisée dans le développement de satellites, où il devient PDG de sa division européenne.
Cependant, en décembre 2021, la GRC l’a arrêté et a déposé des accusations d’abus de confiance par un fonctionnaire, affirmant qu’il s’agit d’un cas d’ingérence étrangère.
Selon des déclarations sous serment de policiers déposées à la cour obtenues par La Presse, M. Zheng «aurait communiqué avec des entreprises du secteur privé avec lesquelles l’Agence spatiale canadienne faisait affaire et aurait tenté de les convaincre de participer au déploiement du éseau de satellites chinois lancés par Spacety ainsi qu’à l’installation de stations-relais de l’entreprise au sol».
L’avocat de l’accusé affirme toutefois que son implication dans une entreprise chinoise n’était pas incompatible avec son travail à l’Agence spatiale canadienne et éclamait pour le prouver «l’accès à des documents concernant les projets sur lesquels son client travaillait au sein de l’Agence, ainsi que sur les projets de l’organisme fédéral en général concernant les satellites miniatures et les stations-relais de satellites».
Jeudi, le juge a ordonné à l’Agence spatiale canadienne de édiger un bref descriptif de tous les projets pertinents auxquels a collaboré Wanping Zheng, ainsi qu’une liste de tous les projets de l’Agence impliquant de satellites miniatures et des stations-relais pour satellites.
Guerre en Ukraine
Le quotidien évèle en outre que le gouvernement américain, en janvier 2023, a imposé des sanctions à Spacety, et plus spécifiquement à sa division européenne, en lien avec une potentielle implication dans la guerre en Ukraine
Selon les Américains, l’entreprise aurait fourni des images satellites de différents lieux en Ukraine au groupe de mercenaires russes Wagner lors de leurs opérations en sol ukrainien.