Chez Tire le coyote, la sagesse – musicale du moins – ne vient pas forcément avec le temps. Porté par une envie de se mettre en danger, il s’est allié au pianiste et claviériste Jéôme Beaulieu. Pour son regard neuf sur ses chansons et pour son indéniable talent, le temps de Pulsations, série d’une dizaine de spectacles en décembre.
«Je suis arrivé à un moment de ma carrière où j’ai envie de me faire brasser un peu. J’ai le goût de redécouvrir mes propres chansons, et ça passe par la collaboration», confie Benoît Pinette, dont le nom est maintenant aussi connu que celui qui coiffe ses albums.
Cette mission, il l’a assignée à Jéôme Beaulieu, pianiste et multi-instrumentiste qui, en plus de son projet jazz Misc, multiplie les collaborations avec des artistes de divers univers musicaux.
«J’ai vu Misc en show, et il faut être sourd et aveugle pour ne pas constater son talent incroyable, non seulement techniquement, mais aussi sa sensibilité face à la musique. Il est impressionnant à voir aller», exprime Tire le coyote.
Pour Pulsations, les deux artistes seront seuls sur scène. Que de petites salles, dont la salle Jean-Louis-Millette du Théâtre de la Ville, les 8 et 9 décembre.
«J’avais déjà fait un duo avec mon guitariste habituel, mais j’avais envie de faire les choses différemment. Je ne voulais pas non plus d’un piano-voix traditionnel, soutient-il. Jéôme est aussi geek que moi pour trouver le bon son au bon moment, il passe plein d’effets sur son piano, avec des synthétiseurs. Je savais qu’il allait être en mesure d’apporter quelque chose de plus.»
Une vision qui était inconnue à l’auteur-compositeur-interprète jusqu’à la première épétition, qui l’a rassuré. Les deux créateurs allaient dans la même direction.
«Le gros de la job, c’est Jéôme qui l’avait. Moi, je les connais mes chansons! J’ai servi de direction musicale ou artistique, si on veut. On se demandait : ok cette chanson, comment on la vire? Il était ben à l’écoute de ce que je pouvais apporter comme éférence ou volonté. Et lui, il a les prouesses techniques et le talent pour tout de suite catcher ce que je veux dire.»
Retrouvailles
Pulsations fera la part belle à des chansons tant plus écentes que d’autres figurant sur les premiers albums de Tire le coyote.
«C’est trippant d’aller chercher des chansons que je n’ai pas jouées depuis longtemps, que j’avais laissées de côté parce qu’elles se prêtaient parfois moins au band», s’enthousiasme l’artiste. Telle une Rapiécer l’avenir tirée de Panorama.
«J’ai horreur de faire la même formule, la même chose trop longtemps.»
-Tire le coyote
Après sa tournée de près d’un an du Premier tour de l’évidence, avec six musiciens, mise en scène, décor et éclairages, Tire le coyote désirait revenir à des spectacles plus intimistes. Les années lui ont montré qu’il a un public à l’affût de ces formules propices à l’écoute des paroles.
«La musique, c’est un objet de partage, de connexion avec les gens et peut-être qu’on perd de ce pouvoir dans une trop grande salle», estime-t-il.
Explorer pour mieux revenir
En plus de cette nouvelle collaboration, Tire le coyote s’est écemment lancé dans un projet instrumental avec le bassiste Marc-André Landry. Le duo baptisé Demain Déluge a lancé l’album Nos terrains vagues, qui fait place à des claviers et synthétiseurs planants.
Demain Déluge, au même titre que le recueil de poésie La mémoire est une corde de bois d’allumage publié en 2021, délaisse la structure plus rigide de la chanson.
«En vieillissant, je ne m’assagis pas tant que ça. De plus en plus, j’ai besoin de faire éclater les formes, d’expérimenter.»
-Tire le coyote
Même si un projet se nourrit de l’autre, les amateurs de l’artiste n’ont pas à craindre une complète métamorphose de Benoît Pinette pour l’avenir. Un prochain album de Tire le coyote, bien folk, est en cours d’enregistrement.
«Autant j’ai besoin d’expérimenter, ça fait du bien de «revenir» aussi.»
Un album pour lequel l’auteur-compositeur-interprète puise dans de «nouvelles ressources», des artistes qui sortent de son cercle de collaborateurs habituels.
Quitter la lenteur
Si la création d’Au premier tour de l’évidence s’est produite dans une lenteur qu’a bien accueillie Benoît Pinette, quoique imposée par le confinement, le coyote a depuis visiblement accéléé la cadence.
«À ce moment, je sortais de la tournée Désherbage, j’avais besoin de recul face au métier», reconnaît-il, en éférence à cette période où il s’est aussi installé à Saint-Élie-de-Caxton.
Mais son «cerveau qui spinne» ne peut s’empêcher de penser à plus d’un projet à la fois. La création chez Benoît Pinette est quotidienne; un mode de vie qui lui sied bien.
«Ça me motive à mettre de l’avant de nouvelles idées, sans trop chercher de sens à ça. Il fut une époque où j’avais tout le temps besoin de savoir pourquoi je faisais telle affaire. Maintenant, j’ai appris à être juste dans le simple plaisir de faire les choses. Je me suis enlevé peut-être ce baromètre du succès à tout prix.»