Une grande communauté pour les enfants à risque d’être placés

le mardi 17 octobre 2023

La salle de l’église Notre-Dame-de-la-Garde était bondée le 16 octobre en après-midi, pour le lancement du programme Ma famille, ma communauté dans l’arr. du Vieux-Longueuil. Organismes, protection de la jeunesse, politiciens. Ce rassemblement proposait une métaphore toute désignée en lien avec l’objectif de ce programme : créer une communauté autour des enfants à risque d’être placés en famille d’accueil.

Lancé comme projet pilote en 2012 à Saint-Jean-sur-Richelieu, le programme a pris du galon depuis et sera bientôt étendu à l’ensemble de la province.

Concrètement, il s’agit de rassembler les gens importants autour de l’enfant comme la famille, les amis ou le voisinage, ainsi que les services dont il dispose déjà et de ceux dont il pourrait avoir besoin, afin de le garder dans son milieu, à la même école ou la même garderie.

Toutes ces personnes se éunissent autour d’une même table pour établir un plan de sécurité pour l’enfant. Chacun peut amener ses idées pour le soutenir. «Ça peut être la grand-maman qui vient tous les soirs pour s’occuper de la routine du soir ou un voisin qui s’engage pour le transport si le parent n’a pas de voiture», évoque Geneviève Meunier.

Cette dernière, spécialiste du programme en Montéégie, a vu de ses propres yeux les bénéfices d’une telle approche.

«On a vécu toutes sortes de situations avec les proches ou la famille élargie qui vient mettre l’épaule à la roue. Ce n’est pas rare que la famille va dire : si j’avais su, j’aurais aidé avant. C’est moins intrusif que quelqu’un qui vient de l’extérieur. Ça vient sécuriser beaucoup le milieu», indique-t-elle.

 

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À noter que l’adhésion au programme se fait sur une base volontaire, pour une clientèle de 0 à 17 ans et fait l’objet d’un financement de 3 M$ par année à l’échelle de la province.

«Le gros bon sens»

Si le programme prend de l’ampleur, c’est qu’il a fait ses preuves, souligne le ministre responsable des Services sociaux Lionel Carmant. Le ministre indique par ailleurs que de garder un enfant dans son milieu le plus possible était l’une des recommandations de la Commission Laurent.

Pour Catherine Fréchette, chargée locale du programme dans l’arr. du Vieux-Longueuil, cette approche amène une plus-value par rapport à ce qui se faisait avant.

Elle ne vient pas remplacer le travail des organismes, mais plutôt rassembler tout le monde au même endroit.

«On peut être cinq, six jusqu’à une vingtaine de personnes autour de la table. Ça peut amener certains défis, mais c’est beau à voir ce qui se construit avec ces gens-là. Et tout le monde entend la même chose et donc repart avec la même lecture de la situation. Ça augmente le filet de sécurité autour de l’enfant», explique-t-elle.

«On dit que ça prend un village pour élever un enfant. Ma famille, ma communauté, c’est exactement ça.»

-Lionel Carmant

Directrice à la protection de la jeunesse en Montéégie, Marie-Josée Audette y voit là une façon de revenir à une certaine époque où familles, communauté, perron d’église ou écoles prenaient soin des enfants.

«Ce n’est pas plus compliqué que ça. Ma famille, ma communauté, c’est juste le gros bon sens», ésume-t-elle.

 

Familles d’accueil

Ma famille, ma communauté a également pour objectif de recruter des familles d’accueil, qui manquent partout au Québec, incluant à Longueuil, affirme le ministre Carmant.

«Par ce programme-là, on a plus de chances d’avoir des gens qui lèvent la main pour prendre un enfant», croit-il.

Le programme ne cherche d’ailleurs pas un profil type pour les familles d’accueil. Des gens seuls ou en couple, de différentes nationalités ou religions, pour un accueil à court ou long terme peuvent se manifester.